Décidément certaines personnes sont obtuses, et la chef infirmière était en prime à tendance fanatique exaltée vu la manière dont elle vantait l'emploi du temps décrété par le Nyctalope. Ainsi donc le Protecteur de Paris en Chef était responsable de l'ambiance épouvantable de ce lieu ?... jusque là, elle n'avait pas eu d'avis sur cet homme, à présent, elle commençait à se dire qu'il avait de gros, gros problèmes... il n'était probablement pas si éloigné de la folie que ça... un fou qui avait l'air sain d'esprit... un guide... qui transformait des gens normaux en d'autres fous du même genre ?... Y'aurait-il deux sortes de folie ? ... Celle individuelle de la majorité des miséreux ici, et celle de certains dirigeants qui convainquaient les autres d'adhérer à leur délire ?... une folie... contagieuse...
Perdue dans ses pensées, et maladroite avec le maniement des limites sociales, le permis et l'interdit, le normal et l'abusif, elle laissait le Pr. Charpentier argumenter... S'il parvenait à quelque chose, il faudrait mémoriser la technique ça pourrait lui servir... mais il se heurtait comme elle à un mur... et par conséquent... n'était finalement pas plus doué qu'elle à ce jeu...
Puis... le fil de ses pensées fut interrompu par l'arrivée de l'homme qui la fixait... pourquoi ? Elle ne le connaissait pas.... Mince ! Pierre Montet le médium ! Le pauvre ! Que lui était-il arrivé ?! ...
" Moi je suis folle ? ... Pourquoi ? Qu'est-ce que j'ai fait ? Quel rapport entre moi et une grande nuit ? "Pierre Montet a écrit :« La grande nuit arrive. Elle ! Elle ! Pauvre folle, tu la verras bientôt. Tu contempleras son appétit vorace et tu ne pourras rien y faire ! »
Mais probable qu'une question posée était sans le moindre effet...
" Je ne lui ai rien fait ! Il aurait pu s'en prendre de la sorte à n'importe qui ! " ... avec un ton poli mais indigné et supposant a priori que l'homme délirait et hallucinait peut-être aussi en prime.Aliéniste a écrit :« Vous effrayez mon patient ! Comme vous l’a signalé Madame Molpaste vous n’avez rien à faire ici. Je vous prie de partir sur le champ. »
Des gouffres béants à la place des yeux ?... qu'est-ce qu'il avait ? il était énucléé ?... Agent Guillaume ?... Ray n'avait rien dit sur le nom de l'agent qui l'avait interrogé, par conséquent, hormis le fait que l'homme disait plus ou moins les attendre et donc une probable connexion avec les événements de la nuit dernière, elle n'avait pas de certitude et ne pouvait pas connecter les éléments à 100%. ... donc une forte suspicion de lien, mais de là à être sûre que c'était celui qui surveillait Ray...Agent Guillaume a écrit :« Je me porte garant de ces deux visiteurs, docteur Horace Dupuis »
La réponse était venue d’un des agents du CID. Visiblement, il s’agissait du responsable. Comme tous les agents en noirs, il portait des lunettes rondes d'un jaune vif. Pourtant, et contrairement aux autres, derrières celles-ci, deux gouffres béants siégeaient en lieu et place de ses yeux.
« Je me doutais que vous alliez venir. Monsieur Charpentier, Madame Leilith-Siri. Je me nomme agent Guillaume mais vous pouvez m’appeler Hervé... »
Donc... un agent du CID qui surveillait l'affaire de près... Spontanément elle ne voyait pas pourquoi l'appeler Hervé, ils n'étaient pas vraiment amis... et il n'y avait pas cette vilaine menace la concernant ?... Léger froncement de sourcils à ce souvenir, mais elle chassa ces pensées, et attendit la suite... ?... ah... non... rien à part les présentations ?... Donc faisant comme si ce n'était pas du tout louche d'être accueilli de la sorte, elle ne perdit pas le nord :
" Alors vous allez pouvoir nous amener à Balthazar ? "
En attente d'être conduit à qui ils venaient rendre visite, restant digne et ne se laissant pas démonter. Non mais ! On a sa dignité d'atlante ! Tête haute, courtoisie et sourire à toute épreuve (ou presque).