TDF chap. 19 : Péril à Port-Réal : La grande joute

[Iris]

Aleth finit par sortir de sa tente et flâna un peu au campement Castellane, s'informant des dernières nouvelles.

Myrosh avait eu une vision incompréhensible -- comme toutes les autres. Du feu et un géant ? Un vieillard ? Un mort ? Elle avait bien assez à faire avec des vivants bien concrets, elle ne s'en sortirait pas avec des symboles et des images aussi vagues.

" Béric et Joango sont partis ? Ont-ils dit où ils allaient ? "

Dernière informée, elle apprit aussi la présence d'un enfant prétendant avoir pour père Lord Castellane. Aleth lui fit signe: "Je suis Aleth Castellane, fille de Lord Rhéomar Castellane. Allez, viens." Elle l'invita à s'installer sur une chaise dans sa tente, lui servit un gobelet d'eau et tendit une galette à cet oisillon supposément affamé.

" Il paraît que tu viens ici sans arrêt depuis hier. Que cherches-tu ?"

Spoiler () :

Si la conversation menace de s'éterniser alors qu'Aleth est toujours en tenue de voyage, elle fera venir Hostella pour surveiller l'enfant pendant qu'elle commence à faire sa toilette et se changer -- derrière le paravent.

[Ser Walton Dulver]

Ser Walton Dulver rappelons le c'était soustrait au regard des badaux une fois son entrainement terminé puisque c'est sous sa tente que son écuyer l'a habillé. Et c'est encore sous sa tente qu'il est présentement, assis tout harnaché devant son scriptorium à se plonger dans ses écrits.

Notre noble Ser a envoyé son écuyer sur le champs de lice pour que celui ci le tienne informé du déroulement des joutes afin de ne pas se présenter trop longtemps en avance. Dans le même temps il a demandé à ses autres gents de préparer son cheval.

[DukeTogo]

Myrosh avait souri aux questions et remarques de ser Darren.

"Mieux que dormir pour se reposer ? Je ne vois pas. Ce que je sais, c'est que les hommes... et les femmes, ajouta-t'il en regardant Aleth qui interrogeait le jeune garçon, sont moins prisonniers de leur destin que de leur propre esprit. SI tu consacres assez d'énergie et de conviction dans quelque chose, tu devrais y arriver. Moi, par exemple, j'ai vraiment voulu gagner à Rubriant."

Myrosh avait un air grave et sérieux avant de sourire en se levant, amusé devant la tête sans doute un moment déconfite du chevalier. Darren comprit alors que Myrosh l'asticotait à son tour avec ses derniers mots. Il eut un regard en coin en disant "Bats-toi avec courage. Les adversaires de ce jour sont coriaces. Et dans tout les cas, il y'a sans doute plusieurs manières d'honorer lady Brock."

Aleth apprit que le jeune garçon prétendant être le fils de lord Castellane avait appris sa filiation dans une rue de Port-Réal. La description qu'il fit de l'homme qui l'avait renseigné était trop vague pour espérer identifier qui que ce soit. Hostella pris ensuite le relais pour le nourrir.

Enfin, concernant Béric et Joango, les soldats ne savaient pas.

[Casaïr]

"Dommage", dis-je simplement.

J'aurais préféré un étrange remède pour me requinquer plus sûrement mais je ferai avec, ou plutôt sans.

"Ne t'en fais pas, il est toujours dans mes projets d'honorer Lady Brock."

Je lui fis un clin d'œil avant de tourner casaque vers ma tente. Je commençais à être sérieusement en retard et si je ne voulais pas arriver mal attifé devant mon adversaire, il valait mieux que je me hâte.

C'est d'ailleurs en arrivant dans ma tente que je pu contempler l'ampleur de la tâche. La fatigue se faisait ressentir et avec elle l'agacement. Je pris sur moi de me calmer, respirant profondément. Tout cela nuirait grandement à ma précision dans la lice mais c'était devenu secondaire, je pensais déjà à me préserver pour la Grande mêlée. Un sourire terrible affleura mes lèvres. Ce soit-disant chevalier ne méritait certainement pas son titre, comme beaucoup d'autres malheureusement.

"Tiens, mon cher adversaire du premier tour n'a même pas daigné m'envoyer mon dû", remarquai-je à voix haute tandis que je réfléchissais.

Quel était son nom déjà ? Bah, il ne valait pas la peine que je le retienne. Je me concentrais sur le moment présent et commençais à m'équiper. Quel que soit mon adversaire de ce jour, ce serait une joute compliquée, il valait mieux que mon armure soit bien fixée et éviter ainsi un accident déplorable.

[Iris]

Une moue mi-dépit mi-perplexité se peignait sur la figure d'Aleth quand elle apprit que l'enfant s'était fait "révéler" ses origines par un inconnu impossible à identifier.

" Reprenons tout depuis le début."

Elle était assise à sa coiffeuse et laissait Hostella officier pour nouer les nattes, relever une partie de sa chevelure en chignon, attacher des rubans.

" Comment t'appelle-tu ? Où as-tu grandi ? Qui est ta mère ? Que t'a-t-elle dit sur ton père, elle ? "

" Cet homme mystérieux qui t'a dit que tu étais un Castellane, quand te l'a-t-il dit ? Dans quelles circonstances l'a-t-il fait ? T'a-t-il longuement cherché ou t'a-t-il reconnu d'une quelconque manière ? Comment était-il habillé ? Était-il un habitué de la ville, du quartier ? "

Pourquoi ces questions ? Aleth espérait que les réponses permettraient de faire pencher la balance du côté du vraisemblable (un enfant de Tristifer dans ces âges-là était possible) ou du côté du complot (une histoire inventée à l'approche de l'arrivée des Castellane pour le plaisir de leur rendre la vie impossible).

Dans tous les cas, elle ne se sentait pas l'âme d'abandonner un malheureux, même s'il était manipulé et même s'il y en avait des milliers d'autres.

" Que sais-tu faire ? As-tu commencé à apprendre un métier ? Dans le cas contraire, qu'aimes-tu faire ? "

Même dans l'éventualité où le garçon serait le bâtard de Tristifer, il lui faudrait de toute façon faire son destin et y parvenir grâce à son talent. Autant envisager rapidement ce qui pouvait être fait en ce sens.

[Ser Walton Dulver]

Après avoir passé quelques temps à scribouiller, notre chevalier tout paré pour le combat se redresse et finit par sortir de sa tente. Il semble avoir une idée en tête. Il va voir un des hommes de son camp.

- "Dis moi mon brave. Je me demandais quels étaient les bruits qui courent en ce moment en ville... Les rumeurs... les on-dit. Peut-être, pourrais tu aller prendre quelques verres dans une taverne aujourd'hui sur un temps de pause pour laisser traîner tes oreilles pour moi."

Et le voilà entrain de glisser quelques pièces dans la main du bonhomme.

[DukeTogo]

Ser Béric revint au campement Castellane. Un soldat demanda où était Joango mais le dornien eut pour toute réponse un signe de la main intimant qu'on ne poserait plus la question ce matin. Le chevalier semblait contrarié. Myrosh lui rappela qu'il devait briller - de mille feux - aux joutes, pareil pour ser Darren.

Un des trois hommes qui avaient accompagné ser Walton au tournoi - un miracle quand on connait la pingrerie du père et son dés amour de la chevalerie - acquiesca à la demande de ser Dulver.

Le son du cor fut sonné trois fois, il était maintenant temps d'aller affronter les champions : les ser Loras Tyrell, Gregor Clegane et Béric Dondarrion, Thoros de Myr, Obéryn Martell et les manteaux blancs ser Jaimie, Ser Boros Blount et ser Barristan Selmy.

Les qualifiés de la veille était les ser Béric Kardalt, Walton Dulver, Jonothor Wydman, Naton Piète, Flement Brax, Robar Royce, Darren Risley et Bayard Norcroix.

La populace et les nobles prirent place. Bientôt les artistes cederaient la terre aux destriers et à leur cavaliers. Chacun savait comment les choses se déroulerait : ils seraient alignés devant le roi, un héraut annoncerait leur nom à voix haute leur permettant ainsi de saluer la foule, la noblesse et la royauté, voire de prononcer quelques mots. Ils arrivaient souvent que les champions aient un homme vantant leur mérite pour conquérir le public avant de jouter.

[Ser Walton Dulver]

Ainsi s'avance Ser Walton. Le géant caparaçonné mène son destrier pour s'aligner avec les autres sur le champs de lice. A ce stade son casque n'est pas encore passé, celui ci est accroché à la scelle du bourrin. C'est donc sa jolie tête nue et les cheveux aux vents qu'il se présente, souriant de toute sa blancheur buccale à l'assemblée. Sa lance, il ne l'a pas encore en main. C'est son écuyer derrière lui qui la porte à ce stade. On y voit accrochées et flottant au vent les couleurs de la belle Lady Aleth.

Quoi qu'il en soit ce qui attire le plus le regard actuellement, c'est bel et bien sa monture. En effet, l'animal - dont la robe blanche contraste avec l'attirail rouge et noir de son cavalier - est joliment décoré. Bien entendu, sur la tête et de part et d'autre la bête on trouve des bardes de plaques le protégeant d'une mauvaise lance qui dévierait. Mais ce qui frappe est ce qui se trouve par dessus le bardage : L'animal est en effet couvert de longes florales qui ornent ses deux flans et le plat de sa tête. L'animal de guerre est ainsi transformé en monture bucolique digne des plantations de Hautjardin.

Achilée, roses trémières, Jonquilles, Jacinthes, primevères, résédas, marguerites, œillets et pâquerettes. Autant de fleures d'été, qui se trouvent dans la région, rien d'extravagant, mais du plus bel effet. Cette robe botanique et bigarrée transformant monture et chevalier en allégorie de l'été, de l'amour courtois, de la douceur de vivre du Bief et de la gloire des suzerains Tyrell.

Peut-être également qu'une certaine Lady Aleth présente dans l'assistance se rappellera les difficultés botaniques de Ser Walton à leur arrivée au Donjon Rouge. Faut-il y voir quelques efforts fait en la matière? Où avait-il prévu son coup à l'avance? Impossible de le savoir.

Qu'il est beau et fier notre chevalier, ainsi paré, côte à côte avec ses camarades de tournois. Son regard parcours l'assemblée, s'arrêtant parfois plus longuement sur Lady Aleth, mais aussi sur Maegery. Il attend qu'on l'appel pour s'avancer et dire quelques mots.

[Iris]

L'interrogatoire de l'enfant n'avait pu être mené à bien faute de temps. Aleth demanda à Hostella et à Tom le Bref de s'assurer qu'il serait là à son retour. Peu après elle apprit la désertion apparente de Joango. Le jeune écuyer était fantasque, mais il pouvait aussi être en danger, de sorte qu'elle ne savait pas si elle devait s'agacer ou s'inquiéter. S'il réapparaissait, il ne devait plus quitter le camp Castellane avant une autorisation de Béric ou elle.

...

Aleth se dirigea comme la veille vers la tribune, et chercha du regard un moment Orten Piète.

...

Enfin, les participants se présentèrent, faisant chacun montre de leur prestance... et à vrai dire, en la matière Ser Walton Dulver savait se faire remarquer. La veille il ne s'était pas paré de la sorte ? Étonnée Aleth contempla son champion, lui souriant et espérant surtout qu'avec de tels efforts, il franchirait au moins le prochain tour. Il en avait paru capable hier, mais les adversaires du jour étaient tous aguerris. Intérieurement, elle comptait 8 duels... puis 4... puis 2 ... puis 1...

[Casaïr]

Tous les chevaliers étaient désormais présents à proximité de la lice, attendant patiemment que les joutes commencent.

J'observais l'étrange parure florale arborée par la monture de Walton, considérant la mienne d'un regard amusé.

"Toi, tu n'as pas besoin de ça, hein ? Après tout, de ton point de vue, les fleurs sont surtout bonnes à être mangées. Enfin j'imagine que ça aura son petit impact sur la gente féminine aujourd'hui."

Mes gestes, déjà ralentis par le manque de sommeil, étaient rendus maladroits par le port de l'armure. Mon esprit lui-même n'était qu'à moitié présent, juste ce qu'il fallait pour être conscient des mouvements alentour et des annonces précédées par l'appel au cor. Même si j'étais prêt à tout donner aujourd'hui, une partie de moi voulait aussi vite en finir pour aller se reposer pour la grande mêlée. C'était assez étrange comme façon de penser. J'avais toujours voulu imprimer ma marque dans les esprits de tous, gravir les échelons, briller. C'était aussi sans doute cela qui m'avait poussé vers toutes ces femmes au fil du temps. Pour me sentir exister finalement.

"Peut-être un peu tôt pour faire une analyse de soi, tu ne crois pas ?" soufflai-je à mon cheval qui se moquait bien des états d'âme de son cavalier.

Une chose, cependant, avait vraiment changé : aujourd'hui, je brillais dans le cœur d'une femme, plus fort que dans celui de toutes mes conquêtes réunies. En y songeant, cela m'intimidait et m'encourageait tout à la fois. Je n'étais plus forcé d'atteindre la brillance d'un soleil pour qu'elle me voit,pas plus que je me retrouvais forcé de séduire tout ce qui portait robes et jupons pour me sentir plein et entier. Je l'étais désormais. Je devais juste me montrer à sa hauteur. Et cela devait se faire aujourd'hui.

Fort de cette résolution qui s'imposait à moi, je serrais la hampe de ma lance, bien décidé à donner le meilleur de moi, quel que soit mon adversaire.