
Le soir ne tarderait plus. L'ambiance à Llewellen était effervescente.
On avait reçu successivement des nouvelles qui avaient mis les nerfs à rude épreuve. Des feondas avaient été vus ; des troupes étaient envoyées ; le nombre des créatures était plus important que prévu ; une famille de fermiers avait été massacrée lors d'une dévastatrice attaque nocturne ; les combats faisaient rage et mêlaient des troupes hilderines à celles du domaine... puis la nouvelle était arrivée que le nid à l'origine de cette horreur avait été détruit et que ce haut fait avait permis d'anéantir toute la horde !
Au château, des nouvelles contradictoires étaient arrivées. Pendant longtemps, personne n'avait su précisément quoi répondre aux questions de Blodwen Mac Terfynisel. Après la rude journée de procès qu'elle avait traversée, elle était disposée à craindre le pire, imaginant déjà le massacre des membres de sa délégations partis pour aider le duché.
Les cavaliers découvraient avec surprise la situation, emportés dans la liesse, étourdis. Ils parvinrent malgré tout à obtenir une chambre qui n'avait pas été préparée, et vu l'ambiance, ne risquait pas de l'être. Par chance, ils obtinrent des réponses plus que positives et même inattendues à une question de la jeune fille. Elle laissa son compagnon et alla de demande de renseignement en réponses l'orientant jusqu'à arriver à la porte de la délégation Terfynisel. Il n'y avait plus de garde ni de serviteur à la porte.

Quelqu'un toqua à la porte et très vite ouvrit sans avoir été invitée à entrer. Une jeune fille, cheveux blonds cendrés courts, coupés sans art, veste de cuir clouté, pantalon de cuir, petite cape de laine feutrée, bottines bien lacée, épée courte en feuille de laurier. Elle salua ses hôtes brièvement avec un sourire insouciant :
"Shinéid Mac Kell. Il paraît que ma demi-sœur Ethel Mac Kell était avec vous il n'y a pas longtemps ? Vous avez de ses nouvelles ?"
Pour ce qui était de trouver un air de famille, on pouvait à la rigueur penser aux yeux bleu-gris de la nouvelle-venue, et encore. Shinéid devait avoir une quinzaine d'année, mais elle portait déjà les armes comme un soldat, bien que son équipement fût léger.
Les éclats de joie était portés par l'écho au travers de l'escalier en colimaçon, la porte étant restée ouverte quand l'inconnue était entrée.

En ville, le retour des soldats était accueilli dans la joie et des fêtes improvisées se déclaraient dans toutes les tavernes, toutes les auberges, sur toutes les places.